Marko Lehanka, Schipperm, Schaltern, wie vom Sinnen
8 December 2000 - 10 March 2001

(Français)

Je pense que c’est un poète. il est anarchique dans sa poésie et puis en même temps, c’est quelqu’un qui est très lié au monde de l’informatique. Il a étudié les mathémathiques et je pense qu’il est un peu comme un astrophysicien : les astrophysiciens sont toujours aussi en même temps des poètes et des fous. Il a une dimension de la pensée qui me touche beaucoup, qui me frappe et qui n’a rien à voir avec le type d’installations que nous trouvons aujourd’hui un peu partout, où on réfléchit sur la position du câble, l’endroit où il faut mettre le moniteur, etc…
Jean-Christophe Ammann, directeur du Musée d’Art Moderne de Francfort
(extrait du catalogue de ForwArt, Bruxelles, avril 2000)

Marko Lehanka (*1961, Herborn) s’empare d’objets communs, issus de notre environnement quotidien, en détourne la fonction, en analyse le changement de statut et de ce fait, crée des glissements de sens. Échappant à toute classification, son travail instaure des rencontres souvent incongrues, crée un sentiment de l’absurde tout en générant une poésie certaine.
Marko Lehanka charge également son œuvre d’une fonction “d’amusement” : un des ses objectifs est de “divertir” le public et de lui donner parfois, comme il l’affirme, du courage. Il ne souhaite en aucun cas communiquer une quelconque inquiétude face au futur incertain d’une société engagée dans un perpétuel processus de mutation.
Après d’importantes expositions cette année à Bruxelles (ForwArt), Francfort (Musée d’Art Moderne), Lucerne (Neues Kunstmuseum), New York (Leo Kœnig Gallery) et avant sa participation en juin prochain à la 49ème Biennale de Venise, l’exposition présentée par la galerie — première monographie en France — permet une saisie de sa démarche en réunissant un ensemble d’œuvres récentes, réalisées pour la plupart l’an passé à Saint-Nazaire lors d’une résidence (Ateliers internationaux du Frac des Pays-de-la-Loire), mais entièrement rejouées en fonction de l’espace de la galerie, si particulier avec les fresques Art nouveau qui recouvrent les murs de l’une des deux salles.
Son invitation à Nancy découle de sa participation à une exposition collective organisée par la galerie au printemps 1999, Nouvelles perspectives, laquelle regroupa trente artistes français et étrangers autour de la question du décoratif. Marko Lehanka y fut représenté notamment par une série d’assiettes peintes ainsi que par plusieurs sculptures, dont une fontaine, un genre qui constitue à l’intérieur de sa démarche une famille d’œuvres particulièrement conséquente.
Parmi les œuvres qui seront présentées dans l’exposition, signalons le Richard Grey, un étonnant bateau, installé sur une mer de palettes en bois, TV-House, une imposante maison en bois construite in situ (laquelle permet de visionner deux vidéos réalisées durant le séjour de l’artiste à Saint-Nazaire) , des tables de café sur le sens de la vie, une série de T-Shirts, une fontaine Cliff-House, un photocopieur, une machine à laver, une volière, etc.
A première vue, les œuvres de Marko Lehanka cultivent un langage faussement décousu qui déconcerte de prime abord. Cependant, le sens aigu de l’observation qui en émane ne tarde pas à rattraper le spectateur. En imitant ou persiflant des objets qu’il tire du réel, Marko Lehanka s’engage délibérément sur un terrain qui mêle allégrement l’art et la vie, capte le réel et le restitue en le questionnant, le décalant, parfois imperceptiblement.