Bernard Borgeaud a défini son projet en fonction de la structure de la galerie : deux salles de dimensions comparables marquées par des stratifications laissées par les occupants depuis le XVIIIème siècle : un relais de poste dont il ne subsiste que les ouvertures, puis un magasin de musique auquel on doit de nombreuses décorations Art nouveau (vitraux et fresques récemment mises à jour).
Bernard Borgeaud a décidé la réalisation de trois dessins monumentaux en utilisant uniquement les murs transversaux de la galerie.
Pour lui, le dessin est indissociable de son travail photographique, la même énergie y prévaut et leur pratique génère une constante recherche sur l’espace : les œuvres — constituées pour les photographies de modules réguliers, de lés de papier pour les grands dessins — se déploient littéralement tout en révélant une identité singulière.
En réaction au flot d’images que nous « consommons » quotidiennement, Bernard Borgeaud s’est écarté d’une tendance traditionnelle de la photographie pour le naturalisme ou la reproduction du monde extérieur, vidant suivant son expression, le viseur de l’appareil photo de ce qui est indésirable, contingent, anecdotique ou purement formaliste, c’est-à-dire gratuit.
Les dernières pièces photographiques ou les récents dessins monumentaux, par leur capacité à exprimer l’espace, ont plus d’affinités avec la peinture (dans leur relation au mur) ou la sculpture ; Bernard Borgeaud ne cache pas l’attention qu’il porte, en guise de repères, à certains artistes américains, Richard Serra par exemple, pour avancer dans la mise en relation entre espace concret et espace figuratif.
La galerie publie à l’occasion de l’exposition un livret, avec une étude de Michel Gauthier consacrée aux dessins de l’exposition.