Bernard Borgeaud
19 septembre - 30 novembre 2013

 

La Galerie Hervé Bize a le plaisir d’annoncer la troisième exposition personnelle de Bernard Borgeaud dans ses murs, le travail de l’artiste étant régulièrement présenté depuis 1992.
Ce projet réunit un ensemble de peintures de grand format réalisées durant ces derniers mois.   Celles-ci constituent l’aboutissement de son travail pictural débuté il y a dix ans et fort peu montré jusqu’à présent.
Alors qu’il avait toujours manifesté une forme de détestation pour la peinture, l’artiste affirme qu’au début du millénaire, il s’est brusquement trouvé devant cette évidence qu’il fallait peindre. Stimulé par le paradoxe que cette puissante intuition faisait apparaître, il se retrouvait face, une fois de plus, à la question du médium qui est récurrente dans son travail. Appuyant sa recherche sur une pratique des média numériques, il a construit une réflexion sur la couleur en tant que continuum et flux vibratoire.
Bernard Borgeaud se fonde sur le fait qu’un regard natif n’existe pas. La vocation de l’art, c’est selon lui cette capacité de transmettre ce que Giorgio Agamben caractérise comme « inoubliable », cette part opaque de mémoire qui échappe à toute tentative d’archiver des faits ou des souvenirs, qui néanmoins constitue un substrat commun à des groupes humains.
L’artiste puise également dans l’écoute du jazz la capacité de convoquer non pas des histoires, ni des souvenirs, mais une sorte de fonds de sensations, de pulsions qui implique le corps. Sa peinture s’appuie en effet sur des rapports de pesanteur, de gravité ; elle incite l’imagination à penser le déplacement du corps dans l’espace.
Il évoque ainsi une expérience de jeunesse qui l’a marqué de façon durable : « Sur une plage, les vagues formaient des rouleaux un peu plus hauts qu’un homme ; m’y risquant, je fus entraîné jambes par dessus tête dans un enroulement d’une puissance qui me dépassait tellement que, dans cet abandon de mon corps à cette force, la séparation entre mon moi enfermé dans mon corps et l’espace extérieur se trouva si brutalement abolie que j’éprouvai un sentiment d’infini d’une rare intensité. Et malgré le relatif danger que cela pouvait représenter et l’inconfort de me retrouver rejeté sur la grève, je réitérai cette expérience des dizaines de fois. »
Afin de laisser entrevoir comment des travaux réalisés par l’artiste au tout début des années 1970 entretiennent un rapport étroit avec cette actualité, la galerie présentera également l’édition d’une image extraite de la performance intitulée Murailles d’eau, œuvre fondatrice exécutée en 1971 et réactivée en 2008 à l’occasion d’une exposition consacrée à André Cadere au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris qui en possède une version documentée.
A l’occasion de l’exposition, un numéro de la revue Semaine, spécialement réalisé avec des images de l’exposition, paraîtra à la rentrée.