Nous sommes ravis d’annoncer notre deuxième participation à Independent New York avec une exposition personnelle consacrée à Jacques Charlier.
Né en 1939 à Liège (Belgique), Charlier découvre son intérêt pour l’art à l’âge de quinze ans quand, autodidacte, il commence à collectionner toutes sortes de biographies et de livres d’art contemporain, et des catalogues sur l’art moderne dont il tire systématiquement son inspiration. Ses premières expositions au début des années 1960 sont des présentations d’objets démodés glanés sur les marchés aux puces qu’il associe souvent à des photographies.
Charlier doit être considéré comme un artiste «multi-facettes», utilisant constamment un très large spectre de médias: peinture, photographie, intervention urbaine, sculpture, installation, dessins animés, vidéo, voire musique. Il est directement connecté à l’avant-garde européenne depuis la fin des années 60 et une rétrospective de son travail s’est tenue récemment à La Panacée, organisée par Nicolas Bourriaud.
Dès le début des années 1980, les tableaux de Jacques Charlier satirisent les nouvelles tendances du marché de l’art. Interrogeant sans cesse les notions de style, de signature et de validation des œuvres, il aime changer d’identité – il recourt également à toutes sortes de faux noms et de critiques d’art imaginaires – et se glisser dans la personnalité d’autres artistes pour produire finalement un va-et-vient , œuvres qui sont vraiment unies comme des tableaux de Jacques Charlier.
Il adopte avec humour une vision visant à révéler des liens entre l’art et l’art plutôt qu’entre l’art et la vie.
Charlier voit probablement dans l’art un objet d’observation et de conversation, par exemple il aussi est intervenu sur une réflexion sur le pouvoir de l’imitation, afin d’impliquer et de blâmer le fétichisme et la célébrité dans le monde de l’art moderne et contemporain. Il affirme sans cesse sa forte intention de rompre avec les styles, de créer la confusion et d’entremêler les tendances artistiques dans les scénarios explosifs.
Indeniablement Charlier a également une forte relation avec la culture américaine et l’art. Par exemple, dans une série intitulée Art in Another World, il aborde une réflexion sur l’imagerie américaine des années 40 à 60, une imagerie qui caractérise presque une esthétique internationale. Charlier signale un monde paradoxal dont l’apparition serait restée sur un moment de son histoire.
Le travail de Charlier, largement exposé dans les pays d’Europe du Nord, a rarement été montré ou étudié aux Etats-Unis. Sélectionné pour la Biennale de Venise en 2009, son projet 100 sexes d’artistes, créant un recueil d’histoire de l’art illustré, a été censuré pour sa nature éminemment malicieuse.
C’est pour toutes ces raisons que nous avons naturellement pensé à un projet pour Independent New York.
Les œuvres choisies qui vont évidemment apparaître comme n’étant pas créées par un artiste unique doivent être considérées comme un échantillon de ce que Jacques Charlier appelle avec insistance ses «activités» consistant dans son saut incessant d’un tableau à l’autre.